Garage Thierry delacour, une passion pour la 2 CV depuis l’enfance
2CV-MCC | 23 août 2022On ne peut pas vraiment dire que l’automobile ou la mécanique soit une tradition dans la famille de Thierry Delacour. Son grand père a d’abord travaillé dans une scierie avant de s’installer éleveur bovin dans les environs de Portbail dans la Manche. Tandis que son père, il était peintre en bâtiment. Mais c’est malgré tout grâce à ce dernier que la passion de la 2 CV lui est venue.
Depuis sa tendre enfance, Thierry Delacour a en effet toujours été bercé dans la 2 CV familiale et en garde encore aujourd’hui de nombreux souvenirs. Sa grand-mère maternelle, était elle aussi une inconditionnelle de la petite Citroën. Elle a eu plusieurs 2 CV et a ainsi participé à faire naître sa vocation. Lorsqu’il avait une dizaine d’années, Thierry était devenu ami avec un certain Emile Lerévérend qui était le chauffeur de son car scolaire. Ils parlaient souvent ensemble de mécanique. C’est en fait lui qui a tout déclenché. Le père de Thierry avait acheté d’occasion une 2 CV de 1962 au cours des Années soixante-dix qu’il avait ensuite cédée à sa mère. Celle-ci ne l’utilisant plus, il l’avait ensuite récupérée pour tirer son bateau, mais il en avait découpé tout l’arrière afin d’avoir une meilleure visibilité lors des manœuvres. A l’époque, elle ne servait à nouveau plus et restait stationnée sous un pommier… Thierry en parle un jour à Emile qui, lui-même roulait en 2 CV Camionnette. Celui-ci se propose alors de l’aider à la redémarrer. Il est ainsi venu un samedi avec tout ce qu’il fallait pour la remettre en route. Ils ont ensuite révisé petit à petit toute la mécanique si bien que, vers l’âge de 12-13 ans, notre ami a commencé à goûter aux joies de la conduite en 2 CV. Bien sûr, il n’était surtout pas question de prendre la route. Thierry ne roulait que dans les champs et les petits chemins de campagne des environs de la ferme de sa grand-mère. Suivant sa passion, Thierry fait alors un CAP-BEP de mécanique automobile en deux ans au lycée Jules Verne de Mondeville dans le Calvados près de Caen. En parallèle, pendant un an, il suit une formation de diéséliste. Il revient ensuite dans la Manche où, en 1993, il obtient un baccalauréat professionnel après deux ans de cours au lycée Julliot de La Morandière à Granville. Une fois son diplôme obtenu, il effectue dix mois de service militaire dans le Train à Paris, porte de La Chapelle. Il travaille alors à l’atelier véhicules légers mais n’intervient essentiellement que sur des Peugeot P 4. Les Méhari ne sont alors plus en service et les seules qu’il a croisées étaient à la casse au camp de Satory près de Versailles…
Une fois démobilisé, Thierry part travailler à Paris chez Peugeot en tant que mécanicien automobile à la filiale Mercier du boulevard de la Bastille. Puis, il part dans le 19e, toujours chez Peugeot, où il devient réceptionnaire atelier. Entretemps, Mercier est racheté par Botzaris. Il rejoint ensuite Peugeot Botzaris près de la gare de l’Est où il devient chef de réception. Mais il a le mal du pays. Sa Normandie lui manque et, fin décembre 2001, il part travailler chez Volvo à Cherbourg. Notre ami garde cependant un excellent souvenir de son passage chez la marque au Lion. Il y a côtoyé des mécaniciens hors pair, excellents professionnels, et a acquis avec eux une très bonne expérience. Il reste chez Volvo deux ans jusqu’à ce qu’il décide de se mettre à son compte et de revenir définitivement à Portbail. C’est ainsi qu’avec son épouse Florence ils décident de racheter l’agence Citroën locale dont le propriétaire part en retraite. Le 1er janvier 2004, Thierry entre officiellement dans le réseau Citroën et, peu de temps après, devient aussi Point-Relais 2CV-MCC. Son garage, qu’il loue, est situé dans le bourg et occupe une surface de 600 m2. C’est un garage à l’ancienne qui a alors près de 60 ans d’existence.
A la fin de l’année 2006, Thierry saute le pas et achète un bâtiment situé dans la zone artisanale. Le voilà à son compte et désormais chez lui ! Ses nouveaux locaux offrent 800 m2 couverts sur un terrain d’une surface totale de 2 900 m2. C’est aussi à cette époque que son activité se développe autour des véhicules anciens. Depuis 2004, il avait le projet de se consacrer aux voitures de collection en faisant d’abord de l’entretien puis ensuite de la véritable restauration. Petit à petit, il se construit une clientèle conséquente mais aussi une réputation grâce au bouche-à-oreille. Si aujourd’hui il fait surtout de la 2CV, il travaille aussi sur d’autres Citroën comme la Traction, la DS, la SM, la CX et la XM, il ne se limite pas pour autant à la marque Citroën. Il a ainsi par exemple entièrement reconstruit une Alfa Romeo coupé Bertone. Dans son atelier l’on trouve aujourd’hui des Simca, des Jaguar ainsi que des Peugeot en entretien avec des 504 et un peu de 205.
Aujourd’hui, le Garage Delacour Automobiles emploie un mécanicien en la personne de Fabien Lafineur, Thierry et son épouse Florence et travaille avec Olivier Dumont, un agent commercial indépendant. Mais le tableau n’est pas complet, car l’équipe comprend aussi Margaux Delacour, la fille de Thierry et Florence. Celle-ci vient d’avoir 21 ans. Elle a toujours grandi au garage et est passionnée d’automobiles comme son père. Après avoir fini ses études, elle s’est dirigée vers une carrière commerciale, mais elle s’est rapidement rendu compte que cela ne lui convenait vraiment pas. Elle est donc venue travailler au garage et a décidé de se mettre à la carrosserie. Elle a alors fait une formation en carrosserie de deux ans et une formation en peinture d’un an. En septembre, cela fera cinq ans qu’elle travaille au garage en tant que carrossier-peintre.
Thierry qui a quitté le réseau Citroën à la fin de l’année 2021, aimerait maintenant se consacrer de plus en plus aux voitures anciennes mais tout en conservant les voitures modernes afin de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier. Actuellement, la voiture de collection représente tout de même plus de la moitié de son activité. Son but est de donner dorénavant le plus de place possible à sa passion afin d’exercer sa profession tout en se faisant plaisir au quotidien.
Trois questions à Thierry Delacour
Interview expresse :
● Qu’est-ce qui vous plaît avant tout dans la 2 CV et dans la Méhari ?
– « Ce qui me plaît avant tout c’est la simplicité et la liberté qui caractérisent vraiment ces deux modèles. Aujourd’hui, on n’a plus çà avec les autres voitures. C’est impossible ! Elles sont devenues trop sophistiquées. La 2 CV et la Méhari sont issues d’une époque où l’on pouvait faire des voitures à très forte personnalité, rustiques et pleines de qualités. Mais attention, simplicité ne veut pas dire que ce soit des voitures simples. Les solutions techniques originales qu’elles utilisent sont très évoluées. C’est d’ailleurs pour cela qu’entre bricoler et bien refaire une 2 CV il y a un océan. Nous, au garage, on voit passer beaucoup de voitures mal refaites. Il ne suffit pas de remonter des pièces neuves pour avoir une bonne voiture. Il faut savoir les régler et faire en sorte qu’elles fonctionnent parfaitement pour obtenir au final une voiture qui offre le comportement pour lequel elle a été conçue. Mais oui, sinon, la 2 CV et la Méhari offrent une simplicité d’usage étonnante. Ça se décapote en un rien de temps. Ça démarre et on part se promener. Et puis il y a de l’astuce et du génie avec des solutions comme l’embrayage centrifuge, la suspension à interaction à grand débattement, le volet d’aération et le chauffage à air chaud. Rien ne tombe en panne et on passe partout. Ce sont les reines des petits chemins. Avec elles c’est le bonheur. J’ai récemment repris une 2 CV Camionnette. Avec on va se promener le dimanche et on est heureux. Moi, ça me va très bien ! »
● Quel est votre modèle préféré ?
« Je préfère avant tout les 2 CV des Années cinquante avec le vieux capot nervuré. Et si en plus il y a une capote longue, c’est vraiment le summum. Personnellement, je n’ai jamais roulé avec les toutes premières 2 CV à moteur 375 de cm3. En revanche, je connais bien les 2 CV à moteur de 425 cm3. J’ai une de ces premières 2 CV à remettre en état. Elle date d’octobre 1950. Malheureusement, elle n’a plus son moteur d’origine. Il faut que je lui en retrouve un. Elle était gris métallisé. Sinon elle est complète avec ses quatre portières mécanosoudées et son capot à grosses soudures et double compas. Mon objectif est de la restaurer comme lors de sa sortie d’usine. Sinon, parmi mes projets, j’ai aussi une Méhari qui traîne dans un coin. Personnellement, je préfère les anciennes qui ont la première calandre non démontable. C’est un petit peu plus difficile pour régler l’allumage, mais elles ont tellement de charme. Le modèle suivant, avec la nouvelle calandre et, toujours, le tableau de bord de 2 CV m’intéresse aussi. Mais j’avoue que lorsque l’on passe au nouveau tableau de bord de type LNA, on n’est plus dans la même ambiance lorsque l’on est au volant. Maintenant, j’aime bien aussi les 2 CV récentes. J’ai toujours ma première 2 CV 6 qui est aussi ma première voiture. Je l’ai depuis l’âge de 18 ans. C’est une 2 CV 6 Spécial Rouge de Castille de 1982 que j’avais achetée d’occasion dès que j’ai eu mon permis de conduire. Elle est très agréable à conduire avec ses freins à disques. Aujourd’hui, je ne l’utilise plus qu’aux beaux jours. »
● Quel est votre meilleur souvenir de petite Citroën ?
« Mon meilleur souvenir ça a été avec cette fameuse 2 CV de 1962 lorsque j’ai pu commencer à la conduire. J’ai roulé avec dans les chemins et dans les champs à la ferme de ma grand-mère. Cela m’a tout de suite procuré un grand sentiment de liberté. Je m’en suis servi tant que j’ai pu. J’avais une dizaine d’années. Je l’entretenais, faisais les réparations. J’ai tout appris avec elle. Je l’ai toujours. Malheureusement sa carrosserie est très fatiguée mais elle a pour moi une très grande valeur sentimentale. Autre souvenir inoubliable, en 2009, avec ma fille Margaux, nous sommes allés à la Rencontre Nationale de 2 CV Clubs de Giel avec ma 2 CV 6 Spécial de 1982. Nous avons dormi sous la tente. C’était la première fois que nous participions à un tel événement, et malheureusement la dernière car c’est souvent loin de chez nous. Margaux était toute petite mais elle comme moi nous en gardons un souvenir exceptionnel. Je n’avais jamais vu un rassemblement de 2 CV de cette ampleur. Cela nous a vraiment marqués. Tant et si bien qu’il y a deux ans, pour son anniversaire, je lui ai offert une 2 CV AZLP Gris Typhon de novembre 1964, une des dernières avec portes suicide. »
Garage Delacour Automobiles
Zone artisanale
Rue du Père Albert
50580 Portbail-sur-Mer
Tél. : 02 33 04 88 31
Mail : delacour-automobiles@orange.fr
Site : www.delacour-automobiles.fr
Facebook : Delacour Automobiles Portbail