Méhari Bearn 64, le retour aux sources pour vivre pleinement sa passion
2CV-MCC | 22 août 2019Quel habitant de la Région Parisienne ne rêve pas un jour de tout laisser derrière lui, de partir s’installer en Province et d’y profiter de la douceur de vivre ? Thierry Censier, lui, a franchi le pas en 2018 et est retourné dans sa région natale. Dans le Béarn, à Puyoô, il a ainsi ouvert un garage entièrement dédié à sa passion !
Après trois ans passés comme mécanicien engagé dans la Marine, Thierry Censier trouve un premier emploi chez Mercedes poids lourds en Seine-Saint-Denis. Quatre ans plus tard, en 1985, il a 25 mécaniciens sous ses ordres lorsque son grand-père paternel lui propose de racheter son agence Citroën dont le gérant vient de décéder. Avec son épouse Catherine, ils décident donc de se lancer dans l’aventure. Ils reprennent l’agence en juillet 1985, et conservent son unique mécanicien qui était là depuis 35 ans et qui avait été embauché comme apprenti… En 2000, Thierry rend le panneau Citroën et devient un garage toutes marques indépendant. Le volume de travail que représentent les voitures modernes ne lui permet malheureusement pas de travailler autant qu’il le voudrait sur les Petites Citroën qu’il aime tant. L’année suivante, il devient Point Relais 2CV-MCC pour la région nord de Paris.
A titre personnel, Thierry est très impliqué dans le milieu associatif de la Méhari. En 1994, il achète à Toulon une Méhari Vert Montana deux places de 1981 à un ancien militaire. Avec elle, il participe en 1998 au fameux rassemblement des 30 ans organisé à Deauville par le Méhari Club de France et en remporte la coupe à l’issue du rallye-questions. Il s’inscrit alors au club, en devient vice-président dans un premier temps puis, fin 2002, président à la suite de Jean-Claude Tronchaud qui avait lui-même succédé à Jean-Marie Defrance. Avec une équipe recomposée, il donne alors un nouvel élan à l’association. Il crée par exemple les antennes régionales qui permettent de fédérer tous les passionnés et qui procurent aujourd’hui au club une véritable dimension nationale.
Mais, un peu lassé de son activité en Région Parisienne et souhaitant changer de vie, Thierry décide en 2015 de fermer son garage et revend le bâtiment qui avait été construit en 1930 par son arrière-grand-père. Son projet est de se consacrer désormais entièrement à sa passion et aux Petites Citroën. Avec son épouse, il part alors s’installer dans sa région d’origine, à Puyoô, près de Bayonne dans le département des Pyrénées-Atlantiques.
Pendant deux ans, il déménage petit-à-petit tout son matériel, son outillage, ses pièces et ses voitures. Installé dans un bâtiment de 600 m2 avec 1 500 m2 de terrain, il débute son activité en mai 2018 juste après l’organisation des 50 ans de la Méhari à Amboise. Dans ce nouveau garage, baptisé Méhari Béarn 64, Thierry dispose de deux ponts à deux colonnes et d’un poste pour la mécanique. Il travaille tout seul, son épouse se charge de la comptabilité le soir à la maison.
Quand il faut beau, c’est-à-dire souvent, il n’hésite surtout pas à travailler dehors. Comme il le dit lui-même « J’apprécie beaucoup cette vie de province. Je travaille sur des voitures que j’aime. Et depuis que je suis loin de la Région Parisienne, chaque jour a comme un petit goût de vacances. ».
Il se charge de tous les travaux mécaniques et de l’électricité, mais il sous-traite tout ce qui est tôlerie et peinture. Bien sûr, Thierry a emporté avec lui son contrat de Point Relais. Il dispose d’un petit stock de pièces 2CV-MCC pour l’entretien courant et passe en moyenne une vingtaine de commandes par an à Cassis. Mais cela peut varier si ses chantiers en cours sont par exemple des restaurations complètes qui nécessitent beaucoup de pièces neuves. Au fil des mois, il s’est constitué une clientèle conséquente, et ce d’autant qu’il n’y avait plus personne dans la région qui travaillait sur les Petites Citroën. Au début, il a fait un peu de publicité dans la presse spécialisée, puis le bouche-à-oreille a fait le reste.
Aujourd’hui, Thierry n’aspire plus qu’à une chose, continuer à assouvir sa passion en travaillant sur les voitures qu’il aime. Et, clairement, son objectif est de continuer comme çà jusqu’à l’âge de la retraite !
Trois questions à Thierry Censier :
Interview expresse
– Depuis combien de temps êtes-vous dans la 2 CV ?
– « Je suis dans la 2 CV depuis ma naissance. Mon père en a toujours eu. Je me souviens, enfant, qu’il nous disait toujours « Attention ! Accrochez-vous, la portière risque de s’ouvrir dans le virage ! » Ça nous faisait beaucoup rire avec mes frères et sœurs. Il possédait une 2 CV AZAM de 1967 qui était tombée en panne et qu’il avait promis de me donner à condition que j’aie les moyens de l’assurer. Lorsqu’elle a été à moi, je l’ai réparée et l’ai utilisée pour aller travailler. Je l’avais repeinte en blanc et jaune, aux couleurs des courses landaises. Mais, un jour, à un carrefour, je me suis fait entrer dedans par l’arrière. Puis elle a eu des problèmes moteur. Alors je l’ai découpée en morceaux et l’ai apportée à la déchetterie. Aujourd’hui je le regrette, évidemment… Sinon, je me souviens aussi que mes grands-parents maternels, Raymond et Marie Molia, qui habitaient à Dax dans les Landes, étaient représentants Teepol pour toute l’Aquitaine. Pour leur travail, ils avaient des 2 CV AU, les premières 2 CV camionnettes à moteur de 375 cm3, qui, entièrement peintes en jaune et rouge étaient aux couleurs de ce fameux produit nettoyant multi-usages. Quand il les revendait, mon grand-père les faisait repeindre en gris sauf les roues qui restaient rouge. ».
– Quel est votre modèle préféré ?
– « Ma 2 CV AZL de 1958, sans aucune hésitation. Tout d’abord parce qu’en 1958, la 2 CV AZL est un modèle très peu courant. En effet, depuis la sortie de la 2 CV AZLP (à porte de malle) en septembre 1957, les ventes de la 2 CV AZL (à capote longue) se sont effondrées. Et puis c’est une voiture exceptionnelle dont je suis aujourd’hui le propriétaire. Je connais tout son historique. Elle a par exemple été équipée neuve d’une malle bombée accessoire comme ça se faisait beaucoup à l’époque. C’est le concessionnaire qui l’avait vendue qui s’était occupé de la transformation. Sous la malle, sur la face arrière, il y a même encore la première immatriculation en WW ! Et puis son état est lui aussi très intéressant puisqu’elle n’a qu’à peine 50 000 kilomètres d’origine. A l’époque, je l’avais payée 10 000 francs et, en 1998, j’étais allé avec au Cinquantenaire de la 2 CV à Saint-Quentin-en-Yvelines. D’ailleurs, il n’est pas impossible qu’en octobre prochain je reprenne la route avec elle. J’aimerais participer à La Petite Vadrouille des 2 CV de Cocagne, cette sortie organisée au Veurdre, dans le centre de la France, exclusivement réservée aux 2 CV 425 cm3 d’avant 1963. »
– Quel est votre meilleur souvenir en Petite Citroën ?
– « Mon meilleur souvenir est certainement ma première rencontre avec Roland de La Poype, le célèbre créateur de la Méhari. Avec le Méhari Club de France, nous avions organisé en 2008 dans Paris une sortie en Méhari au profit de La Croix Rouge Française avec des enfants handicapés. Il nous avait ensuite accueillis chez lui où nous avions passé des heures à discuter et à l’écouter nous raconter ses souvenirs. C’était un moment vraiment exceptionnel et je sentais bien qu’il était heureux de partager tout cela avec nous. On avait l’impression que cela aurait pu durer éternellement tant il avait de choses à partager sur sa création. C’est d’ailleurs peu de temps après qu’il nous avait fait cadeau des éléments multicolores avec lesquels j’avais construit la Méhari Arlequine. Cette fameuse Méhari que nous avions exposée à Amboise, et qui a malheureusement été volée depuis…. Ce jour-là, pour continuer à discuter, il nous avait retenus à déjeuner et nous avions mangé une omelette dans sa cuisine à la bonne franquette. Il n’avait aucune envie que nous partions. C’était vraiment une rencontre inoubliable ! »
Garage Méhari Béarn 64
Thierry Censier
2006, route départementale 817
64270 Puyoô
Tél. : 05 59 67 26 85 et 06 09 43 91 80
Mail : meharibearn64@gmail.com
Facebook : Méhari Béarn 64